JE NE VEUX PLUS ME BATTRE

Depuis toute petite, on n'a cessé de me répéter jusqu'à satiété "la vie est un combat", "la vie est une tartine de merde dont on mange un bout chaque jour".
Devoir me battre contre la bêtise assumée et voulue des gens "normaux"!, me battre contre le handicap, me battre pour mon insertion (jamais réalisée et irréalisable)....
Me battre contre qui?, pourquoi?, contre quoi?!.
Pourquoi les gens ont ils toujours cette soif de se battre??!, la paix leur ferait-elle peur (autant que la liberté) ?!.

Moi qui ne suis pourtant pas fille ou petite-fille de militaire, j'ai pourtant durement conscience de ce que veut dire "se battre".
Moi qui ai erré à travers les champs de batailles de la vallée Spinalienne, qui ai frôlé 8 fois la Mort, et qui ai des dons de médium et de passeuse d'âmes....
La Vie me semble si sordide, si vidée de sens face à ce consumérisme effréné, elle qui ne cesse de faire mon désarroi.
Moi qui me sent si familière avec la Mort, elle qui représente une nouvelle vie après la vie, une limite entre le Ciel et l'enfer des vivants.

Suivre les voies de 60 aujourd'hui désuettes, marcher sur les traverses de bois imprégnées de poussière de charbon, d'huile de diesel, et de tant de détresse et de colère, de désespoir et d'impuissance....
N'être que de la vulgaire main d'oeuvre, qui au bord de la mort continue d'aller au charbon, pour faire la nique à la cheminée maudite au four si sombre et si affamé.
Fosses communes, charniers, catacombes et ossuaires ne cessent de déverser leurs victimes de la folie d'un dictateur à l'ego surdimensionné....

Ma colère me dévore toujours malgré moi en silence, tout au fond de mon âme, en même temps que me dévore l'incendie de l'indignation et de l'incompréhension.
Moi qui n'ai jamais pu supporter de ne pas pouvoir comprendre et appréhender, moi qui répugne aux réponses toutes faites....
Ce guerrier au corps de femme hypersensible, ce preux chevalier assoiffé de noblesse vraie dans ce corps de catin,
Oh quel drame!, quel désarroi!, quelle envie de mourir pour dépasser la stupidité de cette vie ici-bas, quelle soif du Ciel !!.....

Ma lèpre à moi est d'être malgré moi votre pestiférée, mon handicap est mon hypersensibilité et ma surdouance jamais diagnostiquée.
Je ne peux plus supporter ces religions sournoises qui aiment à nous faire culpabiliser toute la sainte journée, qui nous pousse à nous nier et nous détester nous-même sous prétexte de se sacrifier pour notre prochain.
La religion dogmatique m'a marquée le coeur au fer rouge, la culpabilité m'a empoisonnée jusque dans mon âme, et désormais je suis devenue la bête à abattre.
Que viennent à moi les défunts, les âmes errantes et torturées, que vienne à moi la Mort !!.

Ces hectares de forêt à jamais profondément défigurés par les tranchées et les cratères d'obus, sont mon domaine de méditation : et de l'ombre jaillira la Lumière.
Les vestiges de l'industrie du textile aux toîts bordés par les rails de jadis, les remparts médiévaux de la ville et les témoignages des filières d'évasion sur les plaques commémoratives : de profondis....
Voir EPINAL se mourir et se vider depuis les gilets jaunes, voir ainsi tant de maisons à vendre pourrir sur pied, et avoir vu mourir les rares tracés qui nous tenaient en vie.... que te dire ami!?, sinon qu'on redevient doucement un no man's land, comme en 1800.

SPINAL à flanc de montagne, avec les vestiges du domaine seigneurial et les anciens sentiers à mulets ;
EPINAL et ses personnages illustres, son ancien cloître, sa basilique fortifiée, son marché couvert qui fut jadis un couvent.
Avoir une épine dans le pied de SPINAL est vraiment si douloureux, mon âme se balance au bout de sa corde, pendue à la branche du vieux chêne ; elle qui ne supporte plus toutes ces têtes de glands....