LE MARGINALISE ET LE PDG

(ce poème est la parodie d'une fable de La Fontaine, "le loup et le chien").

Un marginalisé n'avait que hardes et ongles,
Tant avec son maigre pécule sans cesse il jongle.
Celui-ci reçu un jour un jeune sire, aussi vif que séduisant ;
Bien nourri, vêtu et fort intelligent, et tout aussi pédant.

Le calmer, lui faire la leçon,
Le malheureux ne s'en saurait pas privé ;
Mais il eu fallu argumenter et polémiquer,
Et l'infortuné eu l'air d'un vieux torchon.

Ce dernier, donc, l'accueil modestement,
Entre en conversation, et lui fait félicitations
Sur sa situation, qu'il envie.

"Il ne tiendrait qu'à vous mon brave de réussir comme moi, lui réparti le matoi.
Quittez donc la misère, vous ferez comme moi!:
Vos pareils y sont lamentables,
Modestes, reveurs, et pitoyables,
Dont le sort est de peu dormir et jeûner.
Car comment?: rien de promis, peu de vrais repas,
Tous tracas et insouciants à bout de bras.
Emboîtez moi donc le pas: une dignité vous sera assurée."

Le marginalisé reprit: "que faudra t-il donc que je fasse?".
"Si peu de choses, dit le jeune pdg: apporter café et dossiers,
à vos supérieurs alourdis de moulte responsabilités ;
faire mon éloge, à notre réputation pourvoir,
En garantie de quoi votre salut sera nombre de joies: vrais repas, place enviée,
Sans compter nombre de gens à vos pieds".

Le miséreux déjà, se fait délice de cette condition qui déjà le fait baver et trépigner.
Chemin accompli, il vit les yeux du pdg cernés.
"Ca va t-il?", "oui, pourquoi?", "vraiment? t'es sûre de toi??" "bien sur !".
"alors?...": "le poste qu'on m'a attribué, de ce qui n'a pu vous échapper, en est l'origine à coup sur."
"Accablé?! dit le marginalisé : vous ne profitez donc pas de vos journées?" .
"Pas souvent, et alors?".
"Alors, il m'importe tant, que de votre vie facile, je ne veux point et m'en fais fort,
Et refuserai à ce prix de me lever le matin".

Ceci étant dit, le brave, sifflotant, disparu au loin....